L'immigration italienne en Suisse
A l’occasion de la nouvelle exposition du Musée Historique Lausanne, cette rétrospective propose 17 longs et 3 courts métrages réalisés entre 1964 et 2017 sur la question de l’immigration italienne en Suisse.
L’Italie et le cinéma suisse
La nouvelle exposition «Losanna, Svizzera. 150 ans d'immigration italienne à Lausanne» du Musée Historique Lausanne (MHL) permet à la Cinémathèque suisse de mettre en lumière un aspect particulier du cinéma suisse qui, dès l’avènement de la «nouvelle vague» helvétique, s’est intéressé au phénomène de l’immigration italienne en Suisse, en particulier à travers le documentaire. La fiction, elle, reste bien chiche sur le sujet, à l’exception notable de l’un des plus gros succès du cinéma suisse avec près d'un million d'entrées en 1978, Die Schweizermacher de Rolf Lyssy, et Azzurro de Denis Rabaglia en 2000. En 1964, Siamo italiani d’Alexander J. Seiler, Rob Gnant et June Kovach va révéler au pays la vie difficile des saisonniers en Suisse, ainsi que le regard souvent xénophobe des Helvètes sur ces étrangers. De nombreux autres cinéastes comme Peter Amman, Nino Jacusso (lui-même d’origine italienne), Villi Hermann ou Werner Schweizer vont, par la suite, s’interroger sur le rapport difficile entre ces deux communautés, notamment en marge des fameuses initiatives Schwarzenbach, lancées pour lutter contre la «surpopulation» étrangère dans le pays.Le cas le plus emblématique reste celui de l’Italien Alvaro Bizzarri qui est arrivé en Suisse à l’âge de 15 ans, est devenu vendeur dans un magasin de photo de Bienne et a ensuite réalisé plusieurs films sur la situation des travailleurs immigrés, dont une fiction courageuse sur le statut de saisonnier, Lo stagionale. Ce film, tourné en 8mm, vient de faire l’objet d’une restauration par la Cinémathèque suisse et sera proposé dans la rétrospective que nous programmons avec pas moins de 20 films réalisés entre 1964 et 2017.
Frédéric Maire
Losanna, Svizzera – 150 ans d’immigration italienne à Lausanne
Dans cette exposition, le MHL (Musée Historique Lausanne) met en scène les histoires plurielles de la communauté issue de l’immigration italienne. Terre d’émigration en raison d’une pauvreté endémique, la Suisse voit le mouvement s’inverser dès la fin du XIXe siècle. Puis, de l’immédiate après- guerre jusqu’à la fin des années 1970, des millions de personnes viennent contribuer à la croissance helvétique. Parmi elles, en nombre, hommes et femmes d’Italie dont beaucoup travaillent à Lausanne, premier grand centre urbain sur les routes venant du Saint-Bernard et du Simplon.Confrontée à la xénophobie d’une partie de la population, endurant les sévères conditions que lui impose le statut de saisonnier, cette communauté va s’exprimer dans de nombreuses sphères d’activités (entreprises, commerces, sports, religion, militantisme) et ancrer dans la société une «italianità» dont l’exposition montre les principales composantes à. travers la nourriture, le cinéma, les voitures ou le foot notamment. Fictions, documentaires, photographies et récits de vie témoignent de cette empreinte.
Exposition au MHL du 18 août 2021 au 9 janvier 2022Plus d'informations sur www.lausanne.ch/mhl
Les moyens et longs métrages
D’une valeur historique considérable, les films projetés dans le cadre de ce cycle offrent un large aperçu de l’histoire de l’immigration italienne en Suisse. Immersion au cœur des obscures années «Schwarzenbach»; déclarations d’amour à une culture réduite au silence; dénonciations de conditions de vie inhumaines, de la clandestinité forcée et de la ghettoïsation, ces documentaires et ces fictions n’oublient pas de creuser la question des frontaliers, et de dresser un bilan de concert avec des membres de la communauté italienne et les générations qui ont suivi.
Les courts métrages
Qu’il s’agisse de la grand-mère de la cinéaste Petra Volpe, contrainte de quitter son petit village des Abruzzes pour finir ses jours en Suisse, d’un immigré tiraillé entre son amour pour l’équipe nationale suisse de football dans laquelle joue son fils et sa loyauté envers la sélection italienne, ou encore d’une jeune femme qui cartographie Florence, sa ville natale, à travers ses souvenirs d’enfance, ces courts métrages interrogent chacun à leur manière une même problématique: dans quelle mesure est-il possible d’embrasser deux cultures avec la même intensité?