Hommage à Jean-Paul Belmondo

Hommage à Jean-Paul Belmondo

En hommage au monstre sacré du cinéma français disparu en septembre dernier, la Cinémathèque suisse propose, en partenariat avec les Rencontres 7e Art Lausanne, un cycle de 17 films avec Jean-Paul Belmondo, à retrouver ce printemps au Casino de Montbenon.

Voir les films du cycle

Belmondo le magnifique

La Cinémathèque suisse rend hommage au grand comédien français Jean-Paul Belmondo, décédé le 6 septembre dernier à l’âge de 88 ans. Fils du sculpteur Paul Belmondo, enfant terrible du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, il y faisait partie d’une vraie tribu de facétieux incluant Jean-Pierre Marielle, Annie Girardot, Claude Rich ou encore Jean Rochefort. Ce dernier disait d’eux: «Nous avons tous eu le talent de ne jamais nous prendre au sérieux». Résultat, au moment de la remise des diplômes, cette institution française ne lui a pas donné le premier prix qu’il méritait, et il a dû se contenter d’un accessit, malgré la bronca de ses camarades. D’ailleurs, par la suite, il ne recevra quasiment jamais de prix. Sauf, à la fin de sa vie, un César, une Palme et un Lion d’honneur qui récompenseront (mal) son étonnante carrière. Car Belmondo était double: d’une part le comédien fonctionnant à l’instinct, félin et libre, qui a incarné certains des rôles les plus marquants du cinéma français et, de l’autre, le voyou assumé, grand amateur de boxe et de cascades, ce fameux Bébel qui finira par se produire lui-même dans des films sans doute périssables, mais qui en disent beaucoup sur la France de l’époque.En symbiose avec la Nouvelle Vague grâce à Claude Chabrol, il en devient même une sorte d’icône avec ses personnages de flambeurs dans les films de Jean-Luc Godard comme A bout de souffle (1960) ou Pierrot le fou (1965) Il est tout aussi formidable de retenue dans les films de Jean- Pierre Melville Léon Morin, prêtre (1961) ou Le Doulos (1962). Dans la foulée, il devient cette sorte de Tintin bondissant et casse-cou qui fait ses cascades lui-même à travers sa rencontre avec Philippe de Broca avec qui il tournera six films dont Cartouche (1962), L’Homme de Rio (1964) et Les Tribulations d’un Chinois en Chine (1965).Boulimique de travail, il tourne 40 films entre 1960 et 1969, et joue avec les plus grands et grandes, comme Jean Gabin, Claudia Cardinale ou Catherine Deneuve. Il fonde ensuite sa propre société de production, Cerito, et lance des projets de films à sa mesure, souvent avec la complicité de Georges Lautner. Entre les polars, les films d’aventure ou les franches comédies, il se forge une marque de fabrique qui enchaîne les succès au box-office. Ensuite, vers la fin des années 1980, il retourne au théâtre de ses débuts, avec deux spectacles qui seront autant de réussites publiques: Kean et Cyrano de Bergerac. Et, entre les deux, il tourne avec Claude Lelouch Itinéraire d’un enfant gâté (1988), qui sera son dernier grand rôle au cinéma.Mais s’il fallait ne garder qu’un de ses films, ce serait pour moi Le Magnifique de Philippe de Broca (1973), qui résume assez bien la double histoire de cet acteur d’exception: Belmondo y joue à la fois un pâle écrivain de romans de gare et le personnage du héros de ses propres livres, le ridicule Bob Saint-Clar, situé quelque part entre James Bond et OSS 117. Comme si le Belmondo des débuts croisait le Bébel de l’après. Tout en restant, à jamais, le magnifique.

Frédéric Maire

En collaboration avec