Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF)

Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF)

La Cinémathèque suisse accueille le Lausanne Underground Film & Music Festival, dont l’édition 2022 se déroule du 19 au 23 octobre.

S’il y a un thème qui résume les grandes lignes de cette édition, c’est celui de «Camp». Défini dans Notes on «Camp» en 1964, par l’essayiste Susan Sontag, il s’agit d’«une esthétique de la sophistication et de la théâtralité où l’individu ne se pense plus comme sujet, mais en tant que posture», il traduit une attitude volontiers outrancière. Celle-ci est subtilement introduite par le focus de notre programmation intitulé «Bad Taste is Good Taste: Underground Camp Melodrama», dans lequel figurent quatre titres emblématiques de la scène underground queer anglo-saxonne, parmi lesquels Multiple Maniacs

de John Waters (1970), longtemps resté invisible pour des questions de droits et dans lequel Divine se livre à l’une de ses performances les plus mémorables. Mais également le chef-d’œuvre déjanté Thundercrack! de Curt McDowell (1975), où George Kuchar affronte un gorille en liberté, dans une demeure au fond des bois, lors une nuit d’orage. Ces films seront présentés par l’écrivain Pascal Françaix, auteur d’une trilogie de livres consacrés au «Camp» et dont la sortie du troisième opus devrait coïncider avec le festival.

Moins queer, mais tout aussi percutants, sont les films de Roberta Findlay, l’une des rares femmes à avoir su s’imposer dans le milieu du cinéma d’exploitation des années 1960 à 1980. C’est avec fierté que le LUFF accueille pour la première fois en Suisse cette figure légendaire aujourd’hui à la tête du studio d’enregistrement Sear Sound, qui a vu passer Sonic Youth, David Bowie ou Patti Smith. Et parce qu’elle ne revient que très rarement sur sa carrière passée, sa visite lausannoise peut légitimement être considérée comme un événement historique. L’occasion de (re)découvrir sur grand écran le rarissime Mystique (1979) ou le méchant Tenement (1985).

Radicalement différent est le cinéma de la Bulgare Mara Mattuschka. Formée à l’université des arts appliqués de Vienne, elle entame dès 1983 la production d’une série de films mêlant body art et expérimentations, dans lesquels elle ne cesse d’interroger son identité en tant qu’artiste et femme, tout en insistant sur une dimension performative qui rappelle, parfois les actionnistes. Séduit par son œuvre, Peter Tscherkassky la définit comme «un exhibitionnisme transformé en art». Difficile de faire plus «Camp».

Stephen Sayadian sera lui aussi de la partie, afin d’accompagner les splendides copies restaurées de ses délires érotico-pop que sont Café Flesh (1984) et Dr. Caligari (1989), ainsi que le documentariste social Travis Wilkerson, auteur de An Injury to One (2002), fascinante plongée dans l’histoire de Butte, ville minière du Montana s’apparentant aujourd’hui à une profonde cicatrice, conséquence des excès du capitalisme au cours du XXe siècle.

Programme actuellement sujet à modification et à retrouver mi-septembre sur www.luff.ch

Julien Bodivit, directeur artistique du LUFF

En collaboration avec

Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF)