POP! (partie 1)
En décembre et janvier, un cycle de films autour de la culture pop est au programme à la Cinémathèque suisse. Deux mois pour découvrir de nombreuses fictions des années 1950 à aujourd’hui, ainsi qu’un documentaire qui revient sur ce phénomène sociétal, artistique et politique majeur de la seconde moitié du XXe siècle.
Side A
«POP!», comme un grain de maïs qui éclate en pop-corn. «POP!» évoque les bandes dessinées, les affiches publicitaires, les livres de poche, les 45 tours, la minijupe, Elvis et Marilyn, le Coca-Cola ou encore la soupe Campbell. Un terme qui a connu son apogée à l’époque de la «Beat Generation», du «Swinging London», des Beatles et d’Andy Warhol. Un phénomène culturel qui a investi chaque aspect de la vie occidentale à partir de la seconde moitié du XXe siècle: art, musique, design, mode, cinéma et médias.
POP n’est pas durable ni sérieux, il est éphémère et jetable, véhicule une philosophie de l’apparence et évoque le produit de masse. Pourtant, expression emblématique de la modernité tardive, la «popitude» fait aujourd’hui indissolublement partie de notre vie consumériste. En 1963, Warhol disait que «le pop est le fait d’aimer les choses». Plus tard, Madonna déclara que «le pop est le reflet absolu de la société dans laquelle nous vivons».
Comme Michael Caine le raconte dans le documentaire My Generation, c’est sa génération, née sous les bombes de la Seconde Guerre mondiale, qui, à partir des années 1950, demande «a new beginning». Une génération poussée par la soif de vivre et le besoin d’insouciance, une jeunesse qui consomme et vit avidement son présent en remettant en cause les règles et la morale de leurs parents. Le pop art de l’Independent Group anglais d’Eduardo Paolozzi et Richard Hamilton (les collages, les affiches, la récupération de couvertures des magazines et des objets du quotidien), celui d’Andy Warhol (les icônes américaines «seriales»), de Roy Lichtenstein (les comics et la pub), mais aussi le rock’n’roll des pionniers, la musique traditionnelle, le blues, le folk, le vaudeville et la musique classique, tout cela est à la base de la culture pop. Toutefois, en se basant sur une instantanéité visuelle ou sonore qui joue sur des archétypes et symboles, l’art pop pose paradoxalement un problème de langage au cinéma, qui reste essentiellement un outil de transmission et de documentation du mouvement, et ne développe pas une poétique propre.
Ancien critique des Cahiers du cinéma, Noël Simsolo notait, dans un entretien avec François Thomazeau publié dans l'ouvrage Univers POP – Petite histoire de la culture jetable, que le cartoon et le dessin animé ont proba- blement marqué le début du pop au cinéma. Il cite en cela Will Success Spoil Rock Hunter? de l’ancien cartoonist Frank Tashlin (1957) et The Little Shop of Horrors de Roger Corman (1960), comme les premiers films pop de l’histoire du cinéma.
En reprenant sa catégorisation du cinéma pop – les films sur la «pop culture», ceux dont l’esthétique est pop et ceux dont l’état d’esprit est pop –, ce cycle propose des œuvres cinématographiques qui ont accompagné ou racontent le pop (What’s New Pussycat?, Yellow Submarine, Playtime, Absolute Beginners), montrent et utilisent son esthétique (Barbarella, La decima vittima, Les Demoiselles de Rochefort), jouent sa musique (A Hard Day’s Night, Help), perpétuent et en reprennent les codes (Hairspray, Pulp Fiction) ou lui rendent un hommage ultime (Yesterday).
Et comme dans les disques vinyle, ce cycle se compose de deux parties: «A-Side» et «B-Side», sans véritable ordre chronologique, dans une non- narration résolument POP!
To be continued…
Chicca Bergonzi
Le documentaire My Generation
La génération dont il est question dans le documentaire My Generation de David Batty (2017) fait référence à toute une jeunesse britannique d’après-guerre, qui a décidé de prendre le pouvoir à une période de grande incertitude sociale et politique. La créativité et le bonheur deviennent alors les maîtres mots de ces jeunes gens prêts à tout pour échapper à l’austérité ambiante. Pendant consumériste de la contre-culture underground qui grandit en parallèle, cette joyeuse renaissance culturelle appelée «Swinging Sixties» s’est rapidement répandue au-delà des frontières britanniques.