Sherlock Holmes et Dr Watson, détectives au cinéma
En partenariat avec l’Université de Lausanne et le festival Lausan’noir, la Cinémathèque suisse propose une sélection de films, pour petits et grands, mettant en scène les rocambolesques aventures du célèbre détective Sherlock Holmes et de son fidèle acolyte Dr Watson.
Perpétuation d'un mythe sur petit et grand écran
Source d’inspiration inépuisable, Sherlock Holmes a traversé les époques et les sociétés. Au cinéma, il s’est adapté aux techniques (muet, parlant, numérique) et aux genres (comédie, policier, fantastique). Si depuis sa première apparition à l’écran en 1900 (Sherlock Holmes Baffled d'Arthur Marvin) le personnage est régulièrement représenté au cinéma, la publication de ses aventures sous forme de feuilleton a naturellement conduit la télévision à se saisir du plus célèbre des détectives pour en narrer les affaires (on citera, pour exemple, la série produite par Granada Television de 1984 à 1994).
Dans les années 2000, Guy Ritchie dépoussière le mythe en créant un héros victorien aux compétences intellectuelles extraordinaires mises au service de ses qualités de combattant dans Sherlock Holmes (2009) et Sherlock Holmes: A Game of Shadows (2011) – un diptyque au programme de cette sélection. Du côté de la télévision, on préfère jouer sur les codes et les stéréotypes, notamment en transposant l’action à l’époque contemporaine dans la série Sherlock (créée par Mark Gatiss et Steven Moffat entre 2010–2017), en féminisant le Dr Watson dans la série Elementary (créée par Robert Doherty entre 2012–2019) ou encore en transformant le duo de détectives en héroïnes tokyoïtes dans Miss Sherlock (Misu Sharoku, série japonaise lancée en 2018). Autant de productions qui attestent de l’éternelle fascination qu’a, partout et de tout temps, exercée le détective de Baker Street. Sa personnalité excentrique et sa marginalité, réserve intarissable de création pour les scénaristes et la pléiade d’acteurs qui l'ont incarné, participent de ce nouvel enthousiasme pour cette figure iconique, née sous la plume de Sir Arthur Conan Doyle il y a plus de cent ans.
Huit films ayant participé à la pérennisation du mythe composent le programme du cycle proposé par la Cinémathèque suisse. Ces morceaux choisis comportent aussi bien des adaptations de la fameuse nouvelle Le Chien des Baskerville, notamment la version de la Hammer Film (The Hound of the Baskervilles de Terence Fisher, 1959) animée par le potentiel fantastique de l’affaire située dans la lande brumeuse du Devonshire – que des œuvres pastiches, plus lointainement inspirées. En 1970, Billy Wilder se plaît à détourner le mythe dans The Private Life of Sherlock Holmes, inaugurant une multiplication d’adaptations à tendance parodique. D’autres n’hésiteront pas à lui inventer un passé et un futur: ainsi, Chris Columbus (au scénario) imagine la jeunesse du détective (Young Sherlock Holmes de Barry Levinson, 1985). Finalement, le génie burlesque amené par un Buster Keaton qui devient, le temps d’un rêve, le meilleur détective du monde (Sherlock Jr., 1924), ainsi que les films d’animation, tels que Sherlock Gnomes (John Stevenson, 2018), invitent à une (re)découverte du mythe en famille.
Jeanne Rohner, historienne du cinéma