Rétrospective Yvan Butler

Rétrospective Yvan Butler

Réalisateur de grands reportages dès les années 1960, puis de nombreux téléfilms, Yvan Butler a marqué l’histoire de la Télévision suisse romande. En collaboration avec la RTS et le GIFF, la Cinémathèque suisse propose une rétrospective de plusieurs de ses films, dont l’une de ses fictions, La Fille au violoncelle, projetée en sa présence.

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Un cinéaste de la télévision

Photographe de métier et réalisateur, Yvan Butler a connu un parcours passionnant, dès le début des années 1960, sous l’ombrelle de la Télévision suisse romande (TSR). Il y tourne des documentaires, des fictions et des émissions mythiques qui relatent la culture, ainsi que les grands mouvements sociaux et géopolitiques de l’époque. Au bénéfice d’une filmographie d’une splendide diversité, son œuvre incarne parfaitement l’esprit rebelle de la fameuse «télévision des cinéastes» qui émerge dans les années 1960. Il s’est aussi illustré à une occasion au cinéma, en réalisant La Fille au violoncelle en 1973, avec Michael Lonsdale en vedette. Ce film, qui vient de faire l’objet d’une restauration par la Cinémathèque suisse, est le noyau de la rétrospective conjointe que le Geneva International Film Festival (GIFF), la RTS et la Cinémathèque lui consacrent cet automne.
Butler a débuté à la TSR en tant que réalisateur de grand reportage, notamment de guerre (au Yémen, au Vietnam, etc.). Habitué de l’émission Continents sans visa et, dès 1969, de Temps présent, il voyage autour du globe à la recherche des images d’ailleurs, par lesquelles le public suisse pouvait découvrir le monde, de la Chine à l’Afrique, en passant par Tahiti ou l’Egypte. De ses expériences, il fera, en 1972, un court métrage documentaire Lettre de Formentera, œuvre dénonciatrice qui juxtapose l’univers idyllique d’une communauté hippie aux atrocités de la guerre. Il reviendra également sur cette période de sa vie dans le téléfilm semi-autobiographique Newsman (2001).
La TSR offrait dans les années 1960 des possibilités inédites de création audiovisuelle, non seulement en termes financiers, mais aussi au niveau de la liberté artistique. Aligné au Nouveau cinéma suisse, la jeune télévision constituait un terrain d’exploration paradisiaque pour les cinéastes romands. Avec peu de contraintes, et face à un grand champ de possibles, Yvan Butler, tout comme d’autres réalisateurs suisses tels que Claude Goretta ou Michel Soutter, s’est mis à expérimenter avec le langage naissant de la télévision. Il réalise, dans ce contexte, plusieurs émissions culturelles, ainsi que des portraits de personnalités et d’artistes, intimes et affectueux, tels que Michel Simon, Mireille Darc, Leonor Fini ou encore le dessinateur Siné.
Plus tard, et toujours à la TSR, Butler se lance dans une riche production de téléfilms: l’histoire touchante d’un jeune homme excentrique au sein d’un village suisse dans La Meute (1981), un conte aux allures fantastiques dans La Chambre (1982), une affaire criminelle qui a mal tourné dans Le Cimetière des durs (1986), et un drame pseudo historique dans le Valais des années 1880 dans Farinet (1996), pour n’en citer que quelques-uns.
Le parcours et la personnalité d’Yvan Butler ont marqué la TSR et il compte parmi les personnages qui ont fait les beaux jours de la production télévisuelle, à l’ère qui précède celle d’internet et du streaming. Quatre longs et quatre courts métrages télévisuels au GIFF (du 3 au 12 novembre), six films à la Cinémathèque suisse (dès le 15 novembre), une soirée spéciale sur la RTS (le 28 novembre), ainsi qu’un cycle d’émissions diverses sur RTS Play définissent les contours de cet hommage au travail de cette personnalité méconnue qui viendra partager son expérience dans les salles romandes à l’âge vénérable de 93 ans.

Maral Mohsenin, responsable des programmes au GIFF

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