Hommage à Jane Birkin
Un choix de six longs métrages est au programme en novembre et décembre pour rendre hommage à Jane Birkin, icône populaire, actrice et chanteuse franco-britannique qui nous a quittés en juillet dernier.
Jane B., actrice
En 1968, Jane Birkin, actrice britannique quasi inconnue de 22 ans, vient auditionner à Paris pour le film Slogan de Pierre Grimblat. Lors des essais, elle donne la réplique à l’acteur principal du film, Serge Gainsbourg. Le premier contact est glacial, mais malgré l’avis du comédien-chanteur (qui aurait préféré Marisa Berenson comme partenaire), Birkin obtient le rôle. Un couple emblématique naît et une carrière est lancée. Car si le film passe presque inaperçu à sa sortie, il n’en reste pas moins déterminant pour l’actrice: «Je dois toute ma carrière en France à Pierre Grimblat. Slogan a été ma grande chance, car il a complètement changé ma trajectoire de vie». Outre-Manche, le public avait déjà pu apercevoir la jeune femme sur grand écran, notamment dans The Knack de Richard Lester (1965) et dans Blow-Up de Michelangelo Antonioni (1966), deux Palmes d’or.
Puis, en 1968, c’est avec une apparition dans La Piscine de Jacques Deray qu’elle marquera pour toujours les esprits. Dans les années 1970, Jane Birkin devient aussi chanteuse, mais n’en délaisse pas moins le cinéma, tournant dans plus d’une vingtaine de films. En 1974, elle décroche son premier rôle dans une comédie populaire avec La moutarde me monte au nez de Claude Zidi, aux côtés de Pierre Richard: le public est conquis. Un an plus tard, le trio Zidi Richard-Birkin se reforme pour La Course à l’échalote qui obtient, lui aussi, un large succès public. Les années 1980 représentent un tournant pour l’actrice: elle rencontre le cinéaste Jacques Doillon qui lui écrit trois films, loin des comédies auxquelles elle est habituée jusqu’ici. «Tout a changé, c’était comme une deuxième carrière» confie-t-elle au journal Le Temps en 2019. Les propositions du cinéma d’auteur affluent, elle tourne pour Bertrand Tavernier, Jean Pierre Mocky, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette et pour Agnès Varda qui dresse son «vrai-faux» portrait dans Jane B. par Agnès V.
A l’étranger, on la retrouve dans deux adaptations britanniques d’Agatha Christie: Death on the Nile de John Guillermin (1978) et Evil Under the Sun de Georges Hamilton (1982), films dans lesquels elle se doublera elle-même pour la version française. Au cours des décennies suivantes, elle se consacre à la scène, à l’écriture, à ses engagements militants et se fait plus rare face à la caméra. En 2007, elle signe son premier et unique film en tant que réalisatrice, Boxes avec Géraldine Chaplin et Michel Piccoli. En 2013, elle tourne dans son dernier long métrage de fiction Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier et, en 2021, Charlotte Gainsbourg lui consacre un documentaire: Jane par Charlotte.
Le 16 juillet dernier, Jane Birkin nous a quittés à l’âge de 76 ans. Véritable touche-à-tout, elle n’a cessé, au fil des décennies, de se réinventer tout en conservant une place privilégiée dans le cœur du public. La Cinémathèque suisse lui rend aujourd’hui hommage avec six films représentatifs d’une filmographie éclectique, allant de la comédie populaire au drame intimiste, en passant par le documentaire. Des films à retrouver sur grand écran pour saluer la mémoire de la plus «frenchie» des artistes britanniques.
Catherine Muller