Noël au cinéma
En novembre et décembre, la Cinémathèque suisse propose une large rétrospective de films autour de la représentation cinématographique des festivités de Noël. Des films de fiction et d’animation, parfois projetés en version française pour le plaisir de toutes et tous.
Que serait le cinéma sans Noël?
Au fil des siècles, Noël et la symbolique qui l'accompagne ont évolué et pris des caractéristiques propres aux différents modèles de société. C’est à partir de la fin du XIXe siècle qu’elle devient une fête à la fois laïque et commerciale. Le père Noël, inspiré d’autres personnages ou divinités barbues, prend son apparence définitive en rouge et blanc grâce aux illustrations de Thomas Nast et à leur utilisation dans les publicités de Coca-Cola. C’est un tournant dans l'imaginaire collectif et le cinéma devient l'un des vecteurs privilégiés de la diffusion de cette fête dans sa dimension anthropologique, sociale et religieuse. Que ce soit dans l’espace public ou dans la sphère privée, la fusion de caractéristiques chrétiennes et païennes, ainsi que la mise en scène spectaculaire et positive avec ses propres rites, sont une source inépuisable pour le septième art. La période de Noël étant de loin le moment où la consommation du produit cinéma est la plus élevée, le binôme Noël/cinéma est à la fois fondement et raison économique de l'industrie cinématographique.
En cette fin d’année, la Cinémathèque suisse fête son 75e anniversaire et son départ imminent du Casino de Montbenon avec la prochaine ouverture du «nouveau» Capitole. Deux occasions de célébrer ensemble avec des films de Noël, entre sérieux et facétie, sacré et profane. Il est certain que la meilleure façon de vivre le cinéma – comme Noël – est le partage et le moment collectif.
Nous avons choisi de laisser de côté les films sur la nativité et de nous concentrer sur des titres qui interprètent et utilisent Noël non seulement comme sujet temporel et décoratif, mais surtout comme un moment clé – généralement heureux – dans le cours de la vie des personnages filmiques, avec ou sans intervention céleste. On y retrouve de grands classiques aux influences dickensiennes (It’s a Wonderful Life, The Muppet Christmas Carol), des œuvres qui incarnent un esprit d’humanité, de tolérance, aux connotations antimilitaristes et pacifistes (Furyo, Joyeux Noël), ou des contes qui affirment la figure – et donc l’existence – du père Noël en tant qu’icône incontournable et globale, que ce soit dans sa version hollywoodienne et consumériste (Miracle on 34th Street) ou incorrecte et désacralisante (Le père Noël est une ordure, Bad Santa). A côté de Santa, il y a également une panoplie d’êtres féériques ou des pseudo animaux, pas toujours bien intentionnés voire carrément maléfiques, et profondément attachés aux traditions ancestrales des festivités de Noël (The Nightmare Before Christmas, Gremlins, Krampus, The Grinch).
Dans sa sphère plus intime et privée, Noël est, en outre, souvent le moment des retrouvailles familiales, qui sont redoutées, attendues ou détestées, le summum des conflits irrésolus, des (faux) bons sentiments ou des hypocrisies latentes (Un conte de Noël, La Bûche, ‘R Xmas). Et même dans les manifestations les plus malignes, sucrées et prévisibles de Noël, il devient impossible de résister à l’attrait rassurant et anti-anxiogène d’un film comme Love Actually avec «happy ending» assuré.
Chicca Bergonzi