Avant-première: "Le mura di Bergamo" de Stefano Savona
A l’affiche de la 73e édition de la Berlinale, Le mura di Bergamo de Stefano Savona est projeté au Capitole en avant-première et en présence du cinéaste. Un documentaire qui revient sur l’impact de la pandémie de COVID-19 à Bergame, l’une des premières villes touchées en Europe.
Biographie(s)
Stefano Savona
Né en 1969 à Palerme, Stefano Savona est un réalisateur et producteur de documentaires. Diplômé en anthropologie et archéologie, il a beaucoup exploré les zones de conflit, capturant la réalité brute avec empathie. Il s'est distingué dans de nombreux festivals: Piombo fuso (2009), documentaire immersif sur un attentat à Jérusalem, lauréat du Prix spécial du jury au Locarno Film Festival; Tahrir, place de la Libération (2011) offre une perspective intime sur la révolution égyptienne; Samouni Road (2018), récom- pensé par L’Oeil d’or du meilleur documentaire au Festival de Cannes, explore la vie d'une famille palestinienne à Gaza après un bombardement.Salué par ses pairs pour sa capacité à capturer l'humanité au cœur du chaos, Stefano Savona incarne une voix incontournable du cinéma documentaire contemporain.
Evénement(s)
Avant-première: Le mura di Bergamo de Stefano Savona
Jeudi 21 mars à 19:30
En mars 2020, nous avons traversé une Italie déserte pour arriver à Bergame, au milieu d'une crise sans précédent. Pour une fois, je n'étais pas parti seul avec ma caméra pour tenter de rendre compte d’une réalité complexe, d’un conflit, d’une zone de crise. Pour une fois, j'étais accompagné d'un groupe de jeunes cinéastes, anciens élèves du cours de documentaire du CSC (Centro Sperimentale di Cinematografia) de Palerme, avec lesquels nous allions essayer de faire quelque chose de totalement nouveau pour moi, ou plutôt pour chacun d'entre nous: multiplier les points de vue dans le but de raconter en chœur une réalité multiforme, celle d'une ville entière qui se trouve, du jour au lendemain, frappée par une catastrophe soudaine et imprévisible.
Sur la pointe des pieds, nous avons donc commencé à filmer le quotidien de celles et ceux qui, au péril de leur vie, tentaient d'affronter, de comprendre et de surmonter l'urgence qui nous touchait toutes et tous. Notre pari était de restituer les mouvements d'une communauté en résistance.
Chaque soir, pendant plusieurs mois, nous nous sommes réunis pour regarder les images que nous avions recueillies, en essayant de trouver les liens invisibles qui les unissaient. Puis, nous nous sommes laissés guider le long des murs de Bergame, jusqu'à un endroit que nous avons affectueusement baptisé «la Montagnola»: un jardin aménagé au-dessus de l’un des bastions de la ville. Là-bas, nous avons vu une communauté reprendre lentement la parole. D'abord avec pudeur et crainte, puis de plus en plus consciente que ce n'est qu'à travers cet effort pour trouver un moyen de raconter les semaines d'isolement, de peur et de deuil, que la ville pourra commencer à guérir de ses traumatismes et que ses habitants retrouveront le sens du vivre ensemble.
Pendant deux ans encore, nous sommes retournés à Bergame pour documenter ce rituel collectif d’appropriation du deuil, que nous avions vu naître et dont ce film-mémoire se voulait le porte-parole.
Je pense que, bien qu'il soit le fruit d'un travail de groupe, ce film est peut-être le plus personnel et le plus intime de tous ceux que j'ai réalisés jusqu'à présent.
Stefano Savona