Hommage à François Truffaut
Pour les 40 ans de la disparition de François Truffaut, projection de quatre de ses films autour d'Antoine Doinel ainsi que L’Argent de poche et d'un documentaire sur la vie et l'oeuvre du cinéaste, présenté en avant-première au dernier Festival de Cannes.
Il y a quarante ans disparaissait François Truffaut. Afin de rendre hommage à ce critique intransigeant devenu l’un des cinéastes iconiques de la Nouvelle Vague, la Cinémathèque suisse a souhaité programmer quatre de ses films autour du personnage d’Antoine Doinel, ainsi que L’Argent de poche qui vient d’être restauré et qui figure dans le catalogue de diffusion de la Cinémathèque suisse. Et, enfin, un documentaire sur sa vie et son œuvre, présenté en avant-première au dernier Festival de Cannes.
François Truffaut: des souvenirs, des polémiques, un deuil, une légende. Ce nom est incontournable, quels que soient les résistances ou les enthousiasmes qu'il provoque.
Les Quatre Cents Coups, la Nouvelle Vague, «le » Hitchcock, 25 films de 1954 à 1983 et d'innombrables écrits critiques et commentaires. Œuvre multiple, irrégulière, sans cesse en devenir, abordant des genres différents, mais dont la cohérence apparaît avec le recul. Individu tout aussi multiple: cinéphile acharné, critique exigeant, metteur en scène, producteur, acteur; François Truffaut n'a pas seulement « fait » du cinéma, il y a consacré son existence.
Truffaut, c’est aussi une façon de travailler, de s'engager pour le cinéma en général et le cinéma français en particulier, de tisser à partir de son activité de cinéaste tout un réseau d'amitiés. Car, au-delà du professionnel, l'homme Truffaut intéresse: il n'est qu'à lire ce qui a été écrit sur lui depuis sa disparition. Il serait vain de vouloir tout dire d'un créateur si divers, si soucieux de renouveler son art et de le commenter. De la légèreté burlesque d'Une belle fille comme moi à la beauté grave et inquiétante de La Chambre verte, des écrits au vitriol de la revue Arts à l'engagement pour la Cinémathèque française et pour Guitry, se dessine pourtant un fil conducteur qui est sans doute celui d'une certaine fidélité, rigoureuse, passionnelle, à l'enfance: la sienne, celle du cinéma, celle de ses amours cinéphiliques de jeunesse (...).
Truffaut est toujours vivant. On n'a pas cessé de voir ses films, ni de commenter son œuvre. La télévision et les rétrospectives, loin de l'user, ont contribué à le faire découvrir et redécouvrir. Truffaut est une valeur sûre. Sans doute parce que nous avons pour lui les yeux de la nostalgie, celle d'un cinéma plus chaleureux, et que, dans le territoire de cinéma qu'il s'était peu à peu approprié, personne ne prend la suite (...).
Avec [les années], on perçoit l'œuvre et la vie du créateur en perspective, on en décèle mieux l'intensité, la constante violence au travail. Et, plus que jamais, le cinéaste demeure l'amateur de films, l'ami pour qui le cinéma était un absolu, l'homme qui détestait perdre son temps, qui savait que la vie est courte et qu'il faut maîtriser la durée.
Celui dont on pourrait dire, comme il l’écrivait à propos de Lubitsch, qu’il est «mort du cinéma vingt ans trop tôt»
Hervé Dalmais, extrait de Truffaut, Ed. Rivages, 1995
«Antoine Doinel, Antoine Doinel, Antoine Doinel...»
A l’occasion de cet hommage à François Truffaut, la Cinémathèque suisse propose le dimanche 6 octobre un «marathon Antoine Doinel», personnage illustre de la filmographie du cinéaste français. Quatre films qui sont également projetés en octobre dans nos salles.
En 1959, François Truffaut triomphe au Festival de Cannes avec Les Quatre Cents Coups, son premier long métrage. Une œuvre autobiographique qui raconte l’enfance difficile d’Antoine Doinel, double de fiction du réalisateur, joué par Jean-Pierre Léaud. Un rôle que l’acteur incarnera sur deux décennies le temps de quatre longs métrages et d’un moyen métrage (Antoine et Colette, sorti en 1962, segment du film à sketches L’Amour à 20 ans). En 1967, Truffaut signe Baisers volés, deuxième opus de la saga, inspiré de ses propres souvenirs de jeunesse. Antoine Doinel est devenu un jeune adulte qui jongle entre les petits boulots et sa vie amoureuse. Un film plus léger et insouciant que Les Quatre Cents Coups, et dont le ton est repris trois ans plus tard dans Domicile Conjugal (1970). Ce troisième volet relate la vie de famille d’Antoine Doinel, tout juste marié et bientôt père. En 1979, Truffaut décide de retrouver son personnage fétiche pour un ultime épisode: L’Amour en fuite. Un film testament, construit en flashbacks, qui récapitule les étapes de la vie d’Antoine Doinel, fraîchement divorcé. Une série tendre et drôle dans le Paris des années 1950 à 1970, à (re)découvrir sur grand écran.
Les autres films de l’hommage
En marge du focus consacré à Antoine Doinel, personnage incarné par Jean-Pierre Léaud que François Truffaut aimait désigner comme son alter ego, l’hommage se poursuit avec deux autres films: d’une part, le documentaire François Truffaut, le scénario de ma vie de David Teboul, basé sur des écrits du réalisateur et programmé cette année au Festival de Cannes dans la section «Cannes Classics»; d’autre part, le long métrage L’Argent de poche, réalisé par Truffaut en 1976, centré sur le thème de l’enfance, cher au cinéaste, ayant récemment bénéficié d’une restauration et désormais disponible dans le catalogue de diffusion de la Cinémathèque suisse.