Retour sur nos pas (2021)
Avant-première: "Il sindaco del Rione Sanità" de Mario Martone
Il sindaco del Rione Sanità
Italie · 2019 · 115' · v.o. s-t fr. · DC 16 (16)
De Mario Martone
Avec Francesco Di Leva, Massimiliano Gallo, Roberto De Francesco
Projeté le 26 mai avec, en avant-programme, un entretien filmé d’environ 15’ avec le cinéaste
Antonio Barracano tient à faire la distinction entre gens honnêtes et canailles. On le surnomme «Le Maire» de Rione Sanità, l’un des quartiers malfamés de Naples. Fort de son charisme et du soutien d’un docteur ambigu, il rend la justice selon ses propres critères. Lorsque le fils du boulanger lui confie qu’il va tuer son père, Antonio voit en ce jeune homme la même soif de revanche qui l’avait tenaillé dans sa jeunesse et qui l’a transformé à jamais. Il décide d’intervenir et de réconcilier père et fils, pour les sauver tous deux. Mais autour d’Antonio s'épanouit une humanité féroce, blessée et ambivalente, confrontant le bien et le mal dans chaque Napolitain, où deux mondes, celui du droit et celui du crime organisé, se rencontrent dans un affrontement dont rares sont ceux qui sortent victorieux.
Séance(s)
Evénement
Avant-première: Il sindaco del Rione Sanità de Mario Martone
Mercredi 26 mai à 19:00
D’un théâtre dans la banlieue de Naples à l’écran
Le tournage de ce film n’aura pris que quatre semaines, mais sa création s’étale dans le temps. Tout commence (ou presque), en janvier 2017, dans un ancien gymnase abandonné de la banlieue de Naples qui a été transformé en un théâtre d’une centaine de places. J’y dirige une troupe, une vraie petite troupe de théâtre comme celles que j’avais lancées dans les années 1980. C’était pour moi une renaissance.
Les comédiens de ce théâtre ne sont pas des jeunes gens qui attendent un signe du destin, un appel tombé du ciel après une audition. Ils retroussent leurs manches, travaillent en collectif pour trouver et développer des idées, et font le nécessaire pour que celles-ci prennent forme d’une manière ou d’une autre. Le projet de cette troupe était de relier le texte de la pièce d’Eduardo De Filippo, Il sindaco del Rione Sanità, à la dure réalité qu'ils vivent au quotidien dans ces quartiers abandonnés de Dieu et de la puissance publique.
C’est la première œuvre d’Eduardo De Filippo que je porte à l’écran. Je n’avais jamais osé m’y attaquer auparavant, car la mise en œuvre de ses pièces signifie inévitablement de reprendre non seulement ce qu’il a écrit, mais aussi tout le macro-texte qu’il a élaboré, comme acteur et dramaturge, et qu’il a transmis et codifié à travers d’innombrables mises en scène et versions télévisées. Pour contourner cet obstacle, nous avons fait table rase du passé en donnant notamment un tout autre âge au personnage principal (censé avoir 75 ans), ce qui nous a permis de soumettre le texte à l’épreuve de la société contemporaine – les parrains de la mafia sont aujourd’hui bien plus jeunes – et d’en faire quelque chose de nouveau.
Nous retrouvons ici une humanité féroce, ambiguë et en souffrance, où tous les personnages sont mus par le bien et le mal, et où les deux villes, la Naples légale et la Naples criminelle, se mesurent dans un jeu sans vainqueur possible. Car il est inutile de nier la réalité: c’est une seule et même cité et, pour effrayant que cela paraisse, rien ne sert de chercher à la couper en deux.
Mario Martone
Biographie(s)
Mario Martone
Né à Naples en 1959, Mario Martone est un réalisateur et scénariste italien, également metteur en scène de théâtre et d'opéra. Son premier film, Morte di un matematico napoletano (1992), a remporté le Grand Prix du jury à la Mostra de Venise. Suivront notamment L'amore molesto (1995), Teatro di guerra (1998), Noi credevamo (2010), Leopardi Il giovane favoloso (2014) ou Il sindaco del Rione Sanità (2019). S'intéressant au dialogue entre différentes expressions artistiques, il conçoit chacun de ses films en lien avec un large éventail d'œuvres théâtrales, de documentaires, de courts métrages et de mises en scène d'opéra qui forment le corps de son œuvre. Il a fondé les sociétés Falso Movimento et Teatri Uniti, et a dirigé le Teatro di Roma et le Teatro Stabile de Turin.
