La Quinzaine des Cinéastes 2023 à Lausanne
Vale Abraão
(Val Abraham)
Portugal, France, Suisse · 1993 · 203' · v.o. s-t fr. · DC 12 (12)
De Manoel de Oliveira
Avec Leonor Silveira, Cécile Sanz de Alba, Luís Miguel Cintra
Soirée spéciale le 24 octobre. Copie restaurée numérique.
Ema, une adolescente portant sur le monde un regard poétique, résiste au désir envahissant des hommes de son entourage,
qui la considèrent comme une proie... «Le réalisateur joue de multiples tonalités qui se conjuguent ou, parfois, s’annulent, à partir de Madame Bovary de Flaubert, livre qu’il refuse d’illustrer, mais qu’il relit en ajoutant à sa lecture sa propre critique des personnages et des situations. Du coup, le romanesque de la bourgeoisie insatisfaite de son existence provinciale se fragmente: la dynamique dramatique s’évanouit afin qu’émergent des blocs de lyrisme ou d’usuels dialogues, noués en un moment privilégié sur le seuil d’un espace que la nature investit de profuses beautés et que l’activité de chacun des protagonistes risque toujours de mener vers le désastre» (Freddy Buache).
Numérisation et restauration par Cinemateca Portuguesa - Museu do Cinema.
Séance(s)
Evénement
Restauration: Vale Abraão de Manoel de Oliveira
Mardi 24 octobre à 19:00
La 55e édition de la Quinzaine des Cinéastes a choisi, pour son affiche, de rendre hommage à Vale Abraão, un film phare de la filmographie de Manoel de Oliveira, que le cinéaste portugais a réalisé en 1993 et qui avait été sélectionnée à la 46e édition du Festival de Cannes dans cette même section.
Trente ans plus tard, en 2023, la Quinzaine des Cinéastes a offert l’occasion aux spectatrices et spectateurs de redécouvrir ce film dans une version restaurée et en présence de l’actrice principale Leonor Silveira et du producteur Paulo Branco.
Cette transposition d’une adaptation de Madame Bovary de Gustave Flaubert dans le Portugal de la seconde moitié du XXe siècle, que le cinéaste avait lui-même commandée à l’écrivaine Augustina Bessa-Luís, est un film d’une puissance érotique et sensuelle de tous les plans. En juin 1993, dans les Cahiers du cinéma, Manoel de Oliveira déclarait: «Comment une femme résiste aux hommes, qui sont le pouvoir, par la force de sa vision poétique du monde, même si elle est illusoire. Emma se rattache au lyrisme, à l’épopée, à une manière de faire de la poésie à partir du monde qui l’entoure, pour résister, aux personnages masculins qui, eux, n’y voient qu’un enjeu de pouvoir».
Biographie(s)
Manoel de Oliveira
Né en 1908 à Porto dans une famille bourgeoise, Manoel de Oliveira s’est passionné pour le cinéma dès l’adolescence et
a réalisé des films jusqu’à sa mort en 2015, à 106 ans. En 1931,
il tourne un premier film muet consacré à l'activité des ouvriers sur les rives du Douro, salué par la critique internationale. La vie au bord du fleuve de Porto est aussi le thème de sa première fiction, Aniki-Bóbó, en 1942. A partir des années 1970, il s’affirme comme l’un des plus grands cinéastes portugais. Il réalise ensuite plusieurs adaptations de romans, dont les thèmes récurrents sont les histoires d’amour impossibles. Il reçoit, entre autres, le Prix Robert-Besson, en 2004, ainsi qu’une Palme d’or, en 2008, l’année de ses 100 ans, des mains de son ami Michel Piccoli et qui consacre l’ensemble de son œuvre.