Intégrale Jane Campion

Intégrale Jane Campion

L’intégralité des films de cinéma de la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion est à découvrir au Capitole de septembre à octobre. Une filmographie riche et variée, complétée par un documentaire sur son œuvre, signé par Julie Bertuccelli et projeté en sa présence. En outre, pour la première fois à la Cinémathèque suisse, la projection d’une série, Top of the Lake, sur l’écran géant du Capitole.

Voir les films du cycle

Jane & her women: les mille regards de Campion

La méthodique Louise et la désinhibée Kelly. L'obèse Sweetie et l'obses- sionnelle Kay. Et puis, il y a Janet la folle, Ada la muette, Janet la malheureuse, et Ruth, Frannie, Fanny, Robin et Rose. Autant de portraits dressés par Jane Campion de femmes, amies, sœurs, amantes ou épouses, héroïnes romantiques à la sensibilité moderne, transgressive ou rejetant un destin tragique. Des rebelles, anticonformistes et résilientes, qui se heurtent aux idéaux féminins dominants et sont à la recherche d’une identité propre, en opposition aux règles et stéréotypes imposés par une société patriarcale répressive.

Le cinéma de Campion est un monde principalement de femmes, où les hommes sont des oppresseurs violents ou, dans un inversement des rôles, des hommes passifs, objets du désir et du regard féminins. Toutes et tous sont des personnages troublés, tiraillés entre obsessions et raison, besoin d'affirmation de soi et de compréhension de l’autre, désir d'indépendance ou de soumission. Des «marginaux» qui évoluent dans un récit traversé par une imagerie symbolique puissante, où la nature, l'environnement et les paysages amplifient leurs tourments intérieurs.

La réalité de Campion raconte des contrastes profonds et viscéraux: ceux des relations familiales dysfonctionnelles et des rapports entre les hommes et les femmes, où les vérités sont souvent cachées et les pulsions refoulées. L’amour, dans le sens romantique du terme, est insufflé d'une tension érotique qui se veut instinct vital et moteur d’agissement. La sexualité et le désir – inavoués, rejetés ou vécus – sont un moyen d'apprentissage et d'expérimentation, indispensables à la quête d’émancipation et de liberté. Sensuel et tactile, ce cinéma est profondément relié aux influences formelles, littéraires, figuratives et musicales qui ont marqué le parcours artistique de la cinéaste.

Jane Campion naît à Wellington en Nouvelle-Zélande en 1954. Son père est metteur en scène de théâtre, sa mère actrice et écrivaine. Diplômée en anthropologie en 1975, elle obtient un second diplôme en Beaux-Arts au Sydney College of Arts en 1979, après un voyage «initiatique» sur le Vieux Continent (en Italie et à Londres). Au début des années 1980, insatisfaite par les «limites» de la peinture et très influencée par ses études de photographie, elle décide de s’orienter vers le cinéma et est admise à la célèbre Australian Film Television and Radio School (AFTRS). En 1982, son court métrage d’école, Peel, obtient la Palme d'or du meilleur court métrage au Festival de Cannes. Après Two Friends (1986) et Sweetie (1989), An Angel at My Table (1990) reçoit de nombreux prix dans le monde entier, dont le Lion d'argent à la Mostra de Venise. C'est le début de sa renommée internationale qui atteint son apogée en 1993 avec The Piano qui remporte la Palme d'or à Cannes. Première femme cinéaste à avoir reçu cette récompense, Jane Campion a dû se battre pour imposer sa vision contre le «male gaze» dominant. Pionnière du cinéma moderne, artiste engagée et iconoclaste, elle a ainsi ouvert la voie à de nombreuses et nombreux autres cinéastes.

Chicca Bergonzi

Les autres films de l’intégrale

L’œuvre de Jane Campion, l’une des cinéastes contemporaines les plus acclamées depuis ses débuts dans les années 1980, est traversée par des interrogations constantes sur l’identité, la construction de l’individu vis-à-vis des autres et la condition des femmes. La Cinémathèque suisse présente l’intégralité de ses réalisations pour le cinéma, d’un court métrage tourné pendant ses études (Peel) à sa récente relecture des codes du western (The Power of the Dog), en passant par un téléfilm rarement montré (Two Friends) ou encore l’incontournable The Piano (1993), qui a fait de Campion la première femme à obtenir la Palme d’or au Festival de Cannes.

Biographie(s)

Julie Bertuccelli

Julie Bertuccelli

Née en 1968, Julie Bertuccelli a étudié la philosophie avant de se lancer dans le cinéma documentaire. Elle travaille d'abord comme assistante à la réalisation auprès de cinéastes comme Krzysztof Kieslowski, Otar Iosseliani et Bertrand Tavernier avant de réaliser une dizaine de documentaires pour la télévision. C’est avec son long métrage Depuis qu'Otar est parti... (2003) qu'elle connaît le succès. Son film L’Arbre (2010) sera projeté à l’issue de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes et La Cour de Babel (2014) est sacré Meilleur documentaire des Trophées francophones du cinéma. Son documentaire Dernières Nouvelles du cosmos (2016) est nommé aux César 2017 dans la catégorie «Meilleur documentaire». En 2022, elle réalise le long métrage Jane Campion, la Femme Cinéma.

Biographie(s)

Jane Campion

Jane Campion

La biographie de Jane Campion est une succession de premières fois. Née en 1954 en Nouvelle-Zélande, elle est la première femme à remporter la Palme d’or au Festival de Cannes avec The Piano (1993), la première femme à être nommée à deux reprises pour le Prix de la meilleure réalisation aux Oscars pour The Piano (1993) et The Power of the Dog (2021), et la première femme à remporter le Lion d’argent de la meilleure réalisation à la Mostra de Venise avec The Power of the Dog (2021). Parmi ses autres œuvres notables figurent Sweetie (1989), An Angel at My Table (1990), The Portrait of a Lady (1996), Bright Star (2009), ainsi que les deux saisons de la série Top of the Lake (2013 et 2017). Au Locarno Film Festival 2024, elle reçoit le Léopard d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

Evénement(s)

Documentaire sur Jane Campion

Jeudi 26 septembre à 20:30

La réalisatrice Julie Bertuccelli évoque avec finesse, intelligence et humour les thèmes de prédilection de Jane Campion dans ce documentaire qu'elle viendra présenter le jeudi 26 septembre au Capitole.

Entre films provocants, romantiques, de genre, série, thriller érotique, scénarios originaux ou adaptations, Jane Campion prend souvent à contre-pied la critique et le public, dans un registre iconoclaste et inattendu. Son indépendance farouche, son excentricité, son audace bousculent. J’adore la passion et l’obsession qu’elle met dans ses créations ( ...). C’est aussi une réalisatrice qui a toujours revendiqué sa différence, sa féminité, tout en subtilité et délicatesse. Elle sait la difficulté pour une femme de faire des films. Elle est une porte d’entrée exceptionnelle pour explorer la place des femmes dans le cinéma et en parle de façon très lucide et éclairante.

A travers ce portrait, je souhaite aussi parler de notre métier de réalisatrice, approcher au plus près toutes ses facettes, et partager nos difficultés, peurs, mais aussi enthousiasme et épanouissement.

Julie Bertuccelli

La série Top of the Lake : saison 1

Dimanche 27 octobre à 11:00

La rétrospective consacrée à Jane Campion aura son bouquet final le dimanche 27 octobre avec la projection de la première saison de Top of the Lake. L’événement sera de taille, non seulement pour la durée de ce marathon (près de 7 heures), mais aussi pour son aspect historique puisqu’il s’agit de la première minisérie diffusée en intégralité à la Cinémathèque suisse. Débutant à 11h dans la salle historique du Capitole, entrecoupée de pauses et de quoi se ravitailler, cette projection-fleuve est assurément l’un des temps forts de cette programmation automnale. L’entrée y sera, en plus, gratuite.

Bien qu’il ne s’agisse pas de la première œuvre de Campion conçue pour la télévision – An Angel at my Table fut initialement pensé comme une minisérie en trois chapitres –, Top of the Lake est une œuvre éblouis- sante qui, indépendamment du canal de diffusion pour lequel elle a été réalisée, fait entièrement corps avec la filmographie de la Néo-Zélandaise. On y retrouve les thèmes phares traversant son cinéma – la recherche d’empathie dans le portrait de ses personnages, l’emprise de la nature sur ceux-ci, le décorticage des rapports de genres – à l’image de la mise en scène minutieuse caractérisant ses films.

Toutes les projections sont gratuites.
Possibilité d'accéder à la salle à 11h, 14h, 16h30 et 19h.

Retour en images

Intégrale Jane Campion

18 septembre 2024

Divers